Eurocouples, l'amour au-delà des frontières
15 février 2006
Depuis la multiplication des séjours Erasmus, les jeunes Européens tombent de plus en plus amoureux à l’étranger. Mais lorsque chacun rentre chez soi, l’euphorie cède rapidement sa place aux problèmes du quotidien. Trois eurocouples témoignent.
Barrière de la langue et fossé culturel
Les premiers mots doux ont pu au départ s’avérer délicats. « On ne peut pas tout d’un coup demander un mot de vocabulaire que l’on n’a pas compris, alors que l’autre est justement en train de vous faire une déclaration. Après tout, les sentiments ne s’expliquent pas », raconte en riant Henrike, 23 ans. Une confusion qui dura jusqu’à ce qu'elle puisse apprendre à son amoureux la parfaite prononciation de l’imprononçable diminutif allemand « Schätzchen » (chéri). Depuis, Guillaume a relevé le défi de la langue teutonne, même si ce guitariste amateur trébuche sur certains mots ou emploie encore parfois des tournures de phrase hésitantes et qu'au lieu de dire « Schlagzeuger » (batteur), il prononce toujours « Schlaubsauger ».
Les différences de culture, ils les ressentent tous deux un peu partout. Henrike a dû faire des pieds et des mains avant de comprendre les formes de politesse à la française. Elle a appris, nous explique-t-elle, « à ne pas vouloir toujours arriver immédiatement à l’essentiel, mais, comme au restaurant par exemple, savoir attendre -parfois longtemps- la commande ». Guillaume, quant à lui, a toujours été très irrité d’imaginer sa copine entrain de se baigner nue avec des amies dans les lacs de Dresde. « J’ai d’abord dû le traîner sur les plages nudistes de Berlin, pour qu’il comprenne. Aujourd’hui il est devenu le champion secret de la baignade naturiste », souligne-elle ironiquement.
Allers-retours interminables
Pour Rachel et Lucas aussi tout avait bien commencé. Etudiants en Erasmus, la tranquille Rachel issue de la banlieue parisienne et Lucas de Prague se rencontrent dans un café à Leipzig, en Allemagne en 2002. De retour à Paris, Rachel se met à travailler plusieurs soirs par semaine, au risque de s’endormir le lendemain en cours, pour pouvoir aller voir Lucas tous les deux mois à Prague. Lucas fait la même chose. Au cours de leurs voyages, ils ont vécu certaines histoires insolites. « Une fois j’ai voyagé avec un Allemand qui avait toute sa maison dans son coffre. Il voulait aller de Prague en Espagne. J’ai passé 12 heures entre un lampadaire et un ficus » se souvient Rachel en riant.
Mais depuis que Rachel a achevé ses études, tout est différent. Elle aimerait faire des recherches sur la littérature française au Moyen-âge ou sur les théories politiques. Mais, titulaire d’un diplôme étranger, elle ne trouve pas de place à l’Université de Prague, à cause de son faible niveau linguistique en tchèque. Pour Lucas, en revanche, qui a déjà son doctorat en poche, cette université lui offre les meilleures opportunités. Rachel ne veut toutefois pas délaisser sa carrière professionnelle. « Pourquoi les femmes devraient toujours suivre les hommes ? Pourquoi ai-je donc fait des études, si ce n’est pas pour travailler ensuite ? ». Tous deux évoquent avec nostalgie leurs jours passés en tant qu’étudiants Erasmus. Un jour, l’heure du choix sonne et il faut savoir prendre une décision, susceptible de totalement bouleverser la vie. « On ne peut pas rêver en permanence », soupire Rachel.
Quand la belle-mère s’en mêle
On ne peut s’imaginer de couple plus européen que celui formé par Liv et Costa. La jeune Allemande et le Grec se sont rencontrés dans le comté de Bath en Angleterre, où tous les deux préparaient un master d’études européennes. En octobre 2004, ils se sont mariés. Parler anglais entre eux ne leur pose aucun problème. « Cela a même des avantages car on choisit mieux les mots que l’on va utiliser. Dans sa langue maternelle, on parle plus facilement pour ne rien dire. Il s’agit plus de savoir se qui se dissimule derrière la langue », dit Liv.
Pour la famille de Costa, ce fût une honte que leur fils ait un enfant illégitime d’une femme qui n’était pas originaire de Grèce. La mère de Costa aurait peut être mieux pris les choses s’ils s’étaient mariés avant la naissance. Désormais, Liv se retrouve sans cesse confrontée à celle qui la considère toujours comme une étrangère. « Elle accapare tellement mon fils qu’elle me donne le sentiments de n’être que la baby-sitter », glisse t-elle amèrement. Au moment du choix du prénom de leur enfant, Liv et Costa insistent pour qu’il reflète sa double origine, allemande et grecque. Mais la tradition hellène exige que l’enfant ait le même prénom que son grand-père. Or Liv le trouve absolument horrible. Le petit s’appelle maintenant Gabriel Nikolaos, ce qui a le don de la mettre en rage, car en Grèce on le prénomme de toute façon « Niko ». « Je devrais probablement être plus ouverte à tout ceci » avoue-t-elle. Elle se réjouit malgré tout de l’avenir palpitant qui attend sa jeune famille. Peu importe le lieu et la culture.
lu sur: www.cafebabel.com
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Analogues exist?
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