L'équipe de Romano Prodi va demander le retrait des troupes d'Irak
19 mai 2006
Les principaux chantiers dont il a annoncé la prochaine mise en œuvre sont toutefois en rupture avec la politique menée par son prédécesseur, Silvio Berlusconi. Première annonce : un appel au retrait du contingent militaire national en Irak, qui sera soumis au vote du Parlement. M. Prodi n'a pas précisé quand cette proposition sera formulée ni quels seront les délais de ce retrait, mais a évoqué "les temps techniques nécessaires et les discussions avec toutes les parties intéressées". "La guerre en Irak a été une grave erreur car elle n'a pas résolu le problème de la sécurité, au contraire elle a compliqué ce problème", a-t-il assuré, sous les sifflets et les huées des sénateurs de centre-droite.
COUP DE FOUET À L'ÉCONOMIE
Le chef du gouvernement a évoqué les sujets de politique intérieure : famille, travail, situation économique du pays. Il a notamment promis de donner un coup de fouet à l'économie italienne et de réduire les dépenses publiques. "Notre pays a besoin d'une forte secousse, tout comme notre système de production", a dit M. Prodi. Il a promis d'intervenir pour réduire le déficit budgétaire, qui a atteint 4,1 % en 2005, via une action ciblée sur les dépenses. "Il n'y a plus de place pour une manœuvre correctrice extraordinaire, il n'y a plus de miracles pour l'ingénierie financière", a-t-il ajouté. "En revanche, il sera nécessaire d'intervenir sur les grands chapitres de la dépense publique. Cet effort sera réalisé en début de législature", a-t-il souligné.
En matière judiciaire, M. Prodi a notamment promis, jeudi, devant les sénateurs une loi sur le conflit d'intérêts, "sur le modèle de ce qui existe dans les autres démocraties avancées", tout en récusant "une volonté de revanche" contre son prédécesseur, Silvio Berlusconi, propriétaire du plus grand empire médiatico-éditorial du pays. Le chef du gouvernement italien a évoqué "une réglementation dénuée d'intentions punitives, mais bien plus rigoureuse que celle qui est en vigueur [actuellement]. Il faut des règles mais aussi des régulateurs", a-t-il ajouté.
MAIN TENDUE À L'OPPOSITION
Romano Prodi s'est toutefois voulu conciliant avec l'opposition. En effet, l'union de la gauche qu'il dirige dispose d'une majorité de deux voix seulement au Sénat, et le vote de confiance vendredi sera un test important pour son gouvernement et sa capacité à gouverner.
Il a pour la première fois, jeudi, après des semaines d'âpres critiques, tendu la main à l'opposition dirigée par Silvio Berlusconi, en l'assurant de son "respect" et excluant toute "volonté de revanche". "Il ne peut et il ne doit y avoir d'espaces pour des comportements inspirés d'une volonté de revanche, par un désir exaspéré de marquer à tout prix les différences", a-t-il dit. "Nous ne manquerons jamais à l'opposition et à ses leaders du respect que la démocratie exige", a-t-il encore souligné. "L'Italie n'est pas un pays à pacifier mais un pays à mobiliser, avec toutes ses composantes, dans un esprit constructif de concorde", a-t-il conclu.
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