La désobéissance aux lois de la cité peut-elle être acte civique ?
10 juillet 2006
Étant d’un naturel légaliste, je trouve parfois délicat de définir à partir de quel instant la désobéissance revêt une coloration légitime, civique.
A priori, l’insubordination aux lois de la République, votées démocratiquement, signifie l’insubordination à la démocratie, à la souveraineté du pouvoir populaire. De fait, l’attitude est antisociale, elle renie les fondements de la société. Elle conduit au chaos, c’est-à-dire à la loi du plus fort selon laquelle chacun se pose en législateur et décide pour lui quelles règles il reconnaît.
Le régime de Vichy, nommé « l’État français », bien qu’apparu démocratiquement, ne proposait pas un modèle social démocratique. À bien des égards, je pense qu’il était positif pour la France de s’opposer à ce modèle social. Désobéir signifiait donc bien être antisocial, mais face à un social inacceptable. Antisocial mais juste.
La désobéissance peut donc être une forme de civisme lorsqu’on conteste radicalement la cité en tant que telle, qu’on en propose une autre. Mais la désobéissance devient inacceptable lorsqu’elle est le fait d’élus qui décident d’ignorer les lois de la cité qui leur déplaisent, tout en prétendant jouir d’un pouvoir légitime du fait d’un mandat électif de la cité. On ne peut pas se dire démocrate si on ne reconnaît au démos son cratos que tant qu’on partage son avis.
Jusque-là, finalement, le sujet est simple, vous en conviendrez.
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